Kezh-Akowalth

Kezh Akowalth

Cœur de Brakmar, les coupeurs de gorges rodent dans les rues mal éclairées, dissimulés dans les ombres hostiles. Dans un bâtiment sordide, malsain, un cri retentit. En ce lieu de perdition, un enfant est mis au monde.
La sage-femme tend l'enfant à sa mère, celle-ci le prend et observe sa progéniture; accablée par une douleur infinie, elle grave son image dans sa mémoire.
Il avait le teint sombre de son père, mais c'était là sa seule ressemblance. Il tenait surtout de sa mère.
L'enfant potelé sera plus tard grand et mince, ses cheveux seront d'une blancheur immaculée, c'était inhérent à tous les descendants de sa lignée maternelle. Mais, ce qui le rapprochait le plus de sa mère était ses yeux aux prunelles d'or, ils semblaient pouvoir lire au plus profond d'elle la souffrance non exprimée qu'elle tentait de dissimuler.
il la regardait des ses grands yeux dorés, puis il lui adressa un sourire éclatant, de lui émanait calme et sérénité, c'était un beau bébé.
"Tu seras Kezh… Kezh Akowalth. Porte ce nom avec fierté, car ce sera l'unique héritage que nous te léguons."
Et, dans un sanglot, elle étreignit son fils, une dernière fois.
La porte de la cellule délabrée s'ouvre, deux soldats armés entrent.
"Il est temps."
La voix grave du garde ne trahissait nulle émotion, de ses yeux inexpressifs, il regarda la mère en pleurs faire ses adieux au nouveau-né. Et les minutes s'écoulaient, rhytmées par les sanglots étouffés.
"Il est temps, répéta-t-il après quelques temps, s'il vous plaît ne nous obligez pas à utilisez la force."
Le femme hocha de la tête, embrassa son enfant, et le tendit à la sage-femme. Enfin, elle se leva, avec difficulté, et se tourna vers les gardes.
"Je suis prête."
Puis ils repartirent tous trois, laissant l'enfant à la surveillance de la vieille femme.
Quelques minutes plus tard, mourrait Sélene Akowalth, assassinée par les même gardes qui l'accompagnait, elle rejoignit son mari, Shölis Akowalth, dans l'Au-delà, abandonnant sur ces terres damnées le pauvre Kezh.


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"Rends-moi ça, Vermine!"
Feist Hina, le bijoutier se ruait hors de son magasin… Mais ce gamin voleur courrait plus vite qu'un croc gland enragé. Le vaurien! Depuis quelques jours il prenait un malin plaisir à détrousser l'honnête orfèvre de ses maigres revenus. Cette fois-ci c'en était trop! Il irait dès demain engager un garde, cela lui coûtera toujours moins cher que les pertes que lui infligeait ce sale petit voleur! Feist rentra dans son échoppe en lâchant une bordée de jurons.
"Demain, se promit-il, demain."

Kezh entendait encore les cris de ce lourdaud de bijoutier retentir à trois ou quatre pâtés de maisons de là. Quel crétin Feist! Enfin, heureusement qu'il était là pour permettre à Kezh de subvenir a ses besoins.
Le garçon s'enfonça dans les sombres ruelles et leurs ténèbres protectrices, le fruit de son larcin glissé sous sa tunique.

À treize ans, il était devenu l'un des tire-laine les plus connus de Brakmar, toujours en train de courir, une de ses victimes sur ses talons. Il s'était échappé de l'orphelinat un an plus tôt, sans autre forme de procès et sans aucun regrets. Le jeune garçon s'était ensuite rapidement fait une réputation dans les rues… Accepté parmi une bande de gamins des rues, ils détroussaient tous ceux qui ne surveillaient pas leurs bourses de près. C'était une façon de vivre comme une autre après tout, et puis au moins, il s'était fait des amis.

Arrivé a l'une des cachettes de sa bande, Kezh pris le temps de faire l'inventaire de ses gains.
Un passé de xelor, deux anneaux fortifiants, une kabale et une poignée de kamas. Bah! C'était mieux que rien, au moins il n'aurait pas à s'inquiéter pour la nourriture pendant au moins trois jours, en revendant tout ça.
Kezh remballa "ses" affaires et mit un point d'honneur à dévorer une cuisse de bouftou volée quelques temps plus tôt à Schark Hutry, le boucher du coin.
Somme toute, il n'était pas mécontent de cette existence, il menait une vie simple, sans responsabilité.
Mais l'envie de découvrir d'autres horizons commençait à poindre en lui, la simple idée de partir à l'aventure le mettait dans tout ses états.
Le ventre plein, Kezh s'affala sur une vieille paillasse, pensif.
"Si j'économise un peu, j'aurai bientôt de quoi partir loin d'ici…, se dit-il, Du moins, si cet imbécile de Feist ne met pas la clé sous la porte d'ici là"
Et, la tête pleine de projets farfelus, il s'en alla au pays des rêves.


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Voilà trois ans qu'il avait quitté les rues de Brakmar, pour aller à l'aventure comme il le souhaitait, mais il se rendit rapidement compte que la vie d'un voyageur n'était pas des plus palpitantes.
Il erra dans les landes de Sidimote pendant deux horribles mois, perdu, avec pour seul point de repère les étoiles, et comme seul arme sa détermination. Jusqu'au jour où il aperçut une silhouette au loin, il invectiva celle-ci d'une voix claire et forte, mais lorsqu'il s'approcha, il comprit que la-dite silhouette était en réalité une pancarte. Il avait apprit à lire à l'orphelinat, mais après deux ans sans s'entraîner à la lecture, Kezh déchiffrait les lettres laborieusement.
"Am…ak…na" épela-t-il à haute voix.
Cette sonorité lui plut. Il sourit involontairement, sa décision était prise, il allait à Amakna.
Il mit deux autres mois pour arriver à destination.


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Heureusement pour lui, il avait gardé beaucoup d'argent de côté, car à son arrivé, il fut atterré par le coût de la vie en Amakna.
Le jeune homme avait besoin de nouveaux vêtements, les siens étaient sales et rapiécés… Pas génial comme tenue pour s'intégrer dans une ville prospère!
Il se dirigea vers la taillerie la plus proche où un feca d'humeur joyeuse pris ses mensurations et entreprit de lui faire de nouveaux habits. D'une nature loquace, le tailleur lui posa toutes sorte de questions, d'où venait-il? et pourquoi était-il venu à Amakna? ect… En sachant que Kezh était étranger, le tailleur ne se fit pas prier pour lui expliquer les us et coutumes du coin, en ponctuant son récit d'anecdotes aussi saugrenues qu'hilarantes.
Dans cette étrange ville, les gens apparemment haut placés dans l'échelle sociale portaient une espèce de corbeille à fruits sur la tête. Le prix de celle-ci était exorbitant, par ailleurs. La lubie pour cette corbeille était devenue telle que même les plus modestes tentait de s'en procurer… "Quelle chose stupéfiante que la mode!" se dit Kezh.
L'homme lui appris une nouvelle beaucoup moins amusante, la guerre faisait rage entre Bontaliens et Brakmariens. Kezh n'avait jamais éprouver une quelconque affection à sa ville natale, du moins le croyait-il. À la mention d'une attaque particulièrement dévastatrice pour les habitant de la sombre ville, le garçon sentit une colère sourde monter en lui, un élan patriotique qu'il n'avait jamais ressentit auparavant.
Une fois ses vêtements prêts, Kezh remercia le feca et repartit, sa bourse allégée de quelques kamas, mais au moins ne ressemblait-il plus à un clochard.


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L'homme lui avait expliqué que tout les nouveaux-nés d'Amakna devaient se mettre sous la protection d'un des douze Dieux qui gouvernaient le monde, bien qu'il accueilli cette nouvelle avec circonspection, Kezh entreprit de visiter tout les temples, pour choisir son Dieu, après tout, s'il voulait s'intégrer, il devait se plier aux coutumes locales.

Il entra tout d'abord au temple Eniripsa, où Elya Wood, la gardienne du temple déversa un flot de paroles continu concernant la magie Eniripsa, qui consistait à prononcer des mots guérisseurs pour soigner ses compagnons. Mais Kezh, de nature peu loquace ne souhaitait pas passer son temps à marmonner des paroles curatives, aussi choisit-il un autre temple.
Ses pas le conduirent au temple Ecaflip, il frappa à la porte et entra… Pour se retrouver pris en plein dans une partie de Rekop en Grizmine et Learza… Ceux-ci, absorbés par le jeu lui firent signe de prendre part à la partie.
Quelques heures plus tard, Kezh ressortit les poches vides en maudissant les Ecaflips, il jura de ne plus jamais jouer contre les félins chanceux.
Il entra ensuite dans la demeure de Sacrieur, où il ressorti sur-le-champ, un Sacrieur armé d'un fouet à clous sur ses talons.
Dans sa course effrénée, il se retrouva devant la porte du temple Sadida. Il toqua une fois, puis deux… Pas de réponse… Au troisième essai, il aperçut enfin la pancarte sur la porte, celle-ci indiquait clairement:
"Ouvert de midi à 13 heures"
Kezh leva les yeux au ciel et repartit.
Et peu à peu, la liste des temples s'amenuisait, et nul ne trouva grâce à ses yeux… Sram, Op, Feca, Crâ… Autant de Dieux qui ne lui correspondaient pas.
Enfin, il arriva au dernier temple, celui d' Osamodas. Entrant dans la demeure du Dieu, il fût quelque peu angoissé à la vue des fouets qui ornaient le mur de la salle, en face de lui, une étrange créature, toute noire, le salua.
"Salut, l'ami. Ainsi tu souhaites te mettre sous la protection d'Osamodas? Tu as fait le bon choix!"
Et la petite créature sauta sur son comptoir.
"Je suis Zeurg! Ravi de faire ta connaissance, souhaites-tu admirer les pouvoirs que procurent la voie d'Osamodas?"
Les manières de Zeurg plaisaient à Kezh, aussi le jeune homme le pria de lui faire une démonstration de ses pouvoirs.
La bestiole noire ne se fit pas prier, et, sous les yeux ébahis du garçon, fit apparaître un Dragon rouge à côté de lui. Devant l'expression effarée du jeune homme, Zeurg, hilare, fit danser le Dragon sur le comptoir quelques secondes, puis, avec un claquement de fouet sec de son maître, le reptile disparu.
"Comment avez-vous fait ça?!" demanda Kezh, autant excité qu'effrayé.
Zeurg lui fit un clin d'œil et sourit, un nouveau disciple allait emprunter la voie sacrée d'Osamodas.


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Kezh se révélait être un élève doué, presque zélé. En cinq jours, il apprit à invoquer un tofu, un bouftou, et un prespic. Il était bon combattant, et se débrouillait assez bien à l'épée ce qui était assez inhabituel chez les disciples d'Osamodas, selon Zeurg, le jeune initié était le premier à se montrer une préférence pour les lames, plutôt que le marteau traditionnel. Il s'entraînait quotidiennement à maîtriser ses invocations et à peaufiner sa technique… Pour la première fois de sa vie, Kezh ne souhaitait pas être ailleurs qu'ici, il était heureux.
Pourtant, un jour où il se battait en duel avec Zeurg, celui-ci interrompit le combat.
"C'est assez, je n'ai plus rien à t'apprendre."
Comme le jeune Osamodas ne semblait pas comprendre, Zeurg poursuivit:
"Tu ne t'amélioreras pas en restant ici, tu dois t'en aller, sillonner le monde afin de devenir plus fort! Tu n'es plus disciple maintenant."
Kezh hésitait entre la tristesse de quitter ces lieux, l'appréhension du voyage vers l'inconnu et la fierté d'être considéré comme Osamodas, et non comme simple disciple.
En toute franchise, il ne souhaitait pas partir, mais Zeurg lui avait ordonné, il ne pouvait refuser. Aussi prépara-t-il son sac, pour le voyage à venir, cette fois, il était plus expérimenté et il saurait se défendre, ça allait être palpitant! Un sourire illumina le visage de l'Osamodas, l'aventure continue!
Le lendemain, il fit ses adieux à Zeurg, après une année d'apprentissage, les deux s'entendaient comme des larrons à la foire du Trooll, la drôle de bestiole noire allait manquer à Kezh.


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À la sortie du temple, Kezh réfléchit… qu'allait-il faire maintenant? Revenir vers Brakmar? Quel intérêt? Aller vers Bonta? Il n'y tenait pas, il n'aimait pas que l'on s'attaque à sa ville natale aussi était-il hostile aux Bontaliens. Puis, en cherchant une destination quelconque, l'Osamodas se rendit compte qu'il n'avais pas un kama en poche! Bah oui… c'était Zeurg qui lui fournissait le Boire et le Manger depuis près d'un an… Objectif numéro un: Trouver un boulot!


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Il choisit de faire paysan, car il aimait faire pousser les planter et récolter leurs fruits. Ainsi fit-il un potager composé principalement de cawottes et de céréales. Il fit pousser tellement de cawottes, qu'il se rendit compte, un jour, par mégarde, qu'il pouvait en invoquer! Une énorme cawotte dont le jus guérissait les plaies et les maux divers. Cela lui facilitait grandement la vie lorsque l'hiver venait, au moins il était sûr de ne pas mourir de faim.


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Et puis, un jour, alors qui éliminait les pissenlits diaboliques qui infestaient son champ, une jeune Osamodas se présenta à lui, deux ailes rouges dépassaient de son dos, un Démon.
"Maljour ô Osamodas, je me présente, je suis DemonSphinx, et toi, quel est ton nom?
-Enchanté, DemonSphinx, je suis Kezh… Kezh Akowalth
Sans savoir pourquoi, il sentait que donner son nom de famille était important.
-Bien, Kzeh! Veux…
-Kezh, rectifia-t-il par réflexe
-Ah! Désolée Kzeh. Veux-tu…
Apparemment, elle ne semblait pas réussir à prononcer le mot "Kezh"… Pourtant cela semblait plus simple que de dire "Kzeh"… Enfin bon! qui sait ce qui peut bien ce passer dans la tête de cette singulière Osamodas! Et puis il aimait bien Kzeh, après tout.
-…d'Argent?
Aïe! Et voilà! À force de débattre intérieurement sur la prononciation malaisée de l'Osamodas, il avait perdu le fil de la conversation! Elle semblait attendre une réponse… mais laquelle?
-Heu… Oui!
-Cool! Je savais que tu avais du goût!"
Dans quel pétrin c'était-il encore mis?! Qu'est ce qui lui a pris accepter quelque chose sans savoir de quoi il en retournait! Pourvu qu'il n'ai pas accepté un duel à mort, ou pire…
Mais non, la jeune femme lui colla un espèce d'écusson représentant une flamme rouge, sur fond gris, avec marqué "Flammes d'Argent" à côté. De toute évidence, Kezh avait accepté d'entrer dans une guilde, il connaissait le principe, mais n'a jamais éprouvé le besoin d'en intégrer une… Eh bien… Voilà chose faite, ça lui apprendra à répondre sans réfléchir.
"Bienvenue à Kzeh Akowalth!"
Kezh sursauta, il avait clairement entendu la voix dans sa tête! Oui… Il se souvenait maintenant, on dit que les gens faisant parti d'une même guilde peuvent communiquer à des distances incroyable… Serait-ce par cette méthode? Kezh tenta d'envoyer pensée à ses nouveaux compagnons.
"Heu… Salut tout le monde…
-Salut!
-B'jour
-Kikoo"
Bon… Au moins on ne le rejetait pas… C'était toujours ça…

Et, sans le savoir, Kezh voit sa destinée sensiblement modifiée par la rencontre de cette sympathique Osamodas.
L' aventure continue.